S. Cordes (Temple U) : “Les cyber charter schools doivent être davantage contrôlées »

30 0CTOBRE 2024 – Sarah A. Cordes est professeure associée de l’université publique Temple (Philadelphie, Pennsylvanie). Elle est spécialisée dans diverses approches thématiques de l’éducation, liées surtout aux aspects financiers et à la politique éducative. Après avoir réalisé une étude sur l’efficacité des charters schools (privées avec financement et contrôle public) de New York, elle a publié un article sur la transformation de ces écoles secondaires du présentiel au cyber (distanciel), tendance grandissante aux Etats-Unis. Conclusions : « La scolarisation en cyber est associée à des résultats presque partout moins bons que celle en présentiel. Ces résultats suggèrent qu’une réglementation et une surveillance supplémentaires des écoles charter cyber sont justifiées et remettent également en question l’efficacité de l’éducation en ligne. »

Les chiffres que Sarah Cordes livre sur l’ampleur du phénomène « cyber charters » sont éloquents. La Pennsylvanie, Etat dans lequel elle a fait sa scolarité et dans lequel elle enseigne, abrite un des plus grands secteurs de cyber charters du pays, avec 33 000 étudiants inscrits en 2017. C’est également un secteur qui a beaucoup progressé quantitativement au fil des dernières années. En 2020, 175 000 étudiants suivaient ce cursus, soit 2,1% de la population totale scolarisée dans le public. Seule la Californie enregistre un nombre supérieur d’inscrits et l’Oklahoma également en termes de pourcentage.

C’est donc sur ce terrain particulièrement fertile, englobant plusieurs facteurs démographiques variés permettant des croisements (urbain/rural, composition ethnique très diverse) que la chercheuse a travaillé. Nous livrons quelques aspects clefs de son étude que l’on peut retrouver dans la revue Education Finance and Policy. Les conclusions de cette étude dépasse le cadre géographique des Etats-Unis pour devenir un élément de réflexion sur l’efficacité de l’éducation en ligne.

ABSTRACT

Le secteur des charter schools s’est élargi au-delà des écoles traditionnelles en dur  pour devenir des cyber schools, où les inscriptions ont presque décuplé entre 2015 et 2020. Une importante littérature analyse les effets charter schools  sur les résultats des tests. En revanche,  moins d’études explorent l’impact  de cette forme de pédagogie sur l’obtention de diplômes ou les résultats postsecondaires. Il n’y a presque aucun travail explorant les conséquences de la scolarisation en charter school sur ces résultats. Dans cette recherche, j’analyse cet impact sur la fréquentation scolaire, les performances académiques, l’obtention du diplôme et l’inscription postsecondaire (1) et ce  dans les  charter schools  de la Pennsylvanie. 

J’ai établi la différence d’impact sur les résultats obtenus dans les établissements physiques en dur  avec enseignement présentiel et ceux des cyber schools. Je constate que les premières n’ont pas d’incidence sur les résultats. Seuls les districts urbains défavorisés et les élèves Afro-Américains peuvent enregistrer des effets positifs de ces charters schools. En revanche, la scolarisation dans une cyber school est associée à des résultats moins bons pratiquement dans tous les secteurs. Et il n’y a pas de preuves qu’elles favorisent un rattrapage des élèves défavorisés.  Les étudiants qui s’inscrivent à une cyber charter   au début de la classe de seconde (neuvième année) ont 9,5 points de pourcentage  de moins de chances d’obtenir leur diplôme, 16,8 p de moins de chances d’aller au collège et 15,2 p de moins de chances de demeurer dans un établissement postsecondaire au-delà d’un semestre.

 

 

METHODOLOGIE ET RESULTATS

Lien

Cyber versus Brick and Mortar: Achievement, Attainment, and Postsecondary Outcomes in Pennsylvania Charter High Schools | Education Finance and Policy | MIT Press

REFERENCES

  • Cordes, S.A. (2024). Cyber versus Brick and Mortar: Achievement, Attainment, and Postsecondary Outcomes in Pennsylvania Charter High Schools. Education Finance and Policy, 19(3), pp. 361-384. MIT Press. doi: 10.1162/edfp_a_00399

(1) Rappelons pour les lecteurs francophones que l’acceptation ou non d’une candidature pour un cursus de college (équivalent de licence dans le LMD européen) se fait sur l’examen du GPA. Le Grade Point Average est une moyenne de toutes les lettres/notes  obtenues pendant la scolarité en lycée. Le point de départ est donc la conversion des lettres

  • A = 4.0
  • B = 3.0
  • C = 2.0
  • D = 1.0
  • F = 0.0

Puis il ya un facteur multiplicateur des coefficients et enfin une division par le nombre de matières pour obtenir cette moyenne. Les colleges et les universités demandent un  GPA minimum, 4 à Harvard et souvent recalculent les GPA car il n’y a pas de standardisation commune aux high school, liberté de l’enseignant oblige.